La Première ministre annonce la nationalisation à 100% d’EDF
La nationalisation à 100% d’EDF. Cela restera sans aucun doute comme l’une des mesures les plus marquantes annoncées par Elisabeth Borne lors de son discours de politique générale à l’Assemblée Nationale cette semaine. « Je vous confirme aujourd’hui l’intention de l’État de détenir 100% du capital d’EDF ». Pour la Première Ministre, confirmée dans sa fonction après les dernières élections législatives, c’est l’avenir d’EDF qui se joue : « cette évolution permettra à EDF de renforcer sa capacité à mener dans les meilleurs délais des projets ambitieux et indispensable pour notre avenir énergétique ».
Pour l’État, cette décision s’impose en raison du très fort endettement du groupe (de l’ordre de 43 milliards d’euros fin 2021) mais aussi au regard des enjeux récemment annoncés par le Président de la République sur la relance du programme nucléaire et la remise en état du parc actuel. Actuellement, 12 des 56 réacteurs nucléaires d’EDF sont inopérants à cause de la corrosion. Une situation rendue d’autant plus problématique en raison du conflit ukrainien et des fortes tensions sur le marché mondial de l’énergie.
Une renationalisation 17 ans après son introduction en bourse
Cette annonce de nationalisation est une surprise sans être une révolution. L’État détient déjà une très grande majorité du capital d’EDF : près de 84%. En 2005, 15% du capital avait été introduit en bourse. Outre la part détenue par l’État Français, il est partagé à 13% par des institutionnels, à 2% par des actionnaires individuels et à près de 1,5% par les salariés du groupe. L’action valait 32€ au moment de l’introduction en bourse. Elle est aujourd’hui cotée à... 9,05€ !
La nationalisation totale du Groupe devrait coûter entre 5 et 7 milliards d’euros à l’État, en fonction de la somme qui sera allouée aux actionnaires minoritaires pour le rachat de leurs parts. Cette opération va entrainer le départ anticipé du PDG actuel d’EDF Jean-Bernard Lévy, en poste depuis 2014 et dont le mandat courrait encore normalement jusqu’en 2023.
Quelles conséquences pour les clients et les concurrents d’EDF ?
Les 26 millions de clients d’EDF ne vont pas voir une grande différence après cette opération. Même si pour certains experts, cela pourrait permettre une plus grande maitrise des prix. Cette décision est principalement d’ordre stratégique pour l’État. Bruno Lemaire, le ministre de l’économie a récemment insisté sur l’indépendance renforcée que cette opération apportera à EDF.
Cela ne bousculera pas non plus l’organisation du marché et la place des fournisseurs alternatifs. La concurrence reste de mise. La seule conséquence pourrait concerner le dispositif ARENH qui encadre les conditions de vente de l’électricité d’EDF aux autres fournisseurs et garanti des hausses limitées pour les foyers français ayant fait le choix d’un fournisseur alternatif. Pour le moment, ce dispositif ne sera pas remis en cause avant 2025.