Y aura-t-il assez de production d’électricité pour les voitures électriques ?
Les ventes de voitures électriques ont connu un véritable boom ces dernières années, et d’ailleurs cette tendance est partie pour durer. De plus en plus de consommateurs se posent alors la question sur la quantité d’électricité nécessaire pour ravitailler une telle flotte de véhicules dans l’avenir. Pour le gestionnaire du réseau de transport de l’électricité (RTE) et certains experts, il y aura assez d’électricité pour recharger un parc automobile 100% électrique. Explications.
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Le début de l'ère électrique
Avant de se projeter dans l’avenir, il convient de se focaliser sur l'état actuel des choses. Les voitures électriques commencent progressivement à prendre pied sur le marché. Selon les statistiques publiées par le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, l’Hexagone comptait environ 38,9 millions de voitures en circulation début 2023. L’électrique ne représentait qu’une infime part, de l’ordre de 1% du parc global, soit près de 880 000 véhicules. Bien que ce chiffre semble moindre, les ventes de voitures électriques ont connu un véritable bond, étant donné qu’en 2010, seule une centaine de véhicules composait le parc.
En parallèle avec la hausse des ventes, les infrastructures pour accueillir ces véhicules commencent à prendre place, notamment les bornes de recharges. Il existe cependant un élément crucial qui pourrait ralentir cette montée en puissance de l’électrique : la hausse incessante du prix de l’électricité. En plus de se demander s’il y aura assez d'électricité pour nos véhicules électriques dans l’avenir, une explosion des prix est une éventualité à ne surtout pas négliger, notamment si la demande est plus forte que l’offre. Tout cela, alors que le pays commence à peine à se remettre de la crise énergétique.
Or, il est tout simplement impossible de faire marche arrière, que l’on soit pour ou contre, l'ère électrique a commencé et l’ère du thermique est officiellement prévue pour prendre fin en 2035 au sein de l’Union européenne. Cela signifie que tôt ou tard, vous aurez à franchir le pas.
Une part de consommation raisonnable
Pour savoir si la France pourra dans un avenir proche assurer la recharge du parc automobile électrique, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité (RTE) s’est penché sur la question.
Selon l’institution, “la recharge des véhicules électriques ne devrait représenter qu’environ 10 % de la consommation totale en 2035” pour 15 millions de véhicules.
En supposant que les 40 millions de véhicules circulant sur le territoire soient tous électrifiés durant cette période, il est possible de réaliser quelques calculs théoriques afin d’estimer la puissance nécessaire à une telle flotte.
Jean-Louis Legrand, ingénieur et expert en véhicules électriques, a tenté d’apporter une réponse en utilisant les paramètres suivants :
- la consommation d’une voiture électrique avoisine les 15 kWh (kilowattheures) pour 100 kilomètres ;
- la distance parcourue par ce type de véhicule en une année est en moyenne de 12 000 kilomètres.
Il en conclut donc qu’il faudrait près de 72 TWh (térawattheures) pour alimenter ces 40 millions de véhicules, ce qui correspond actuellement à 16% de la consommation d’électricité de la France pour 2023.
Selon toujours l’expert, ce pourcentage est tout à fait “raisonnable”. Il ajoute même que cette estimation pourrait être revue à la baisse dans la mesure où le recours aux transports en commun et au covoiturage gagne également en notoriété, ce qui signifie moins de voitures en circulation.
Un défi que l’Hexagone pourrait relever
Pour la France, produire les 16% d'électricité supplémentaire pour le parc automobile de l’avenir est un défi à relever.
Les perspectives sont plutôt bonnes avec EDF qui retrouve peu à peu la puissance de son parc nucléaire, sans parler de ses EPR (réacteur nucléaire nouvelle génération) qui sont actuellement en cours de développement.
Le renouvelable affiche également une progression importante sur l'ensemble du territoire et représente aujourd'hui 13% de la consommation d’énergie primaire.
D'ici à 2035, les voitures électriques auront également évolué et pourraient intégrer des batteries bien plus performantes qu’aujourd’hui, tout en nécessitant peu d’énergie pour la recharge.
